
Les entreprises industrielles génèrent et manipulent chaque jour un volume croissant de données produit : fichiers CAO, nomenclatures (BOM), données issues des systèmes PDM/PLM, dossiers de fabrication, documents qualité, instructions de production, rapports d’essais... Ces informations ne sont pas seulement utiles à court terme pour concevoir et fabriquer : elles doivent souvent être conservées pendant de longues périodes, parfois plusieurs décennies.
Cette conservation répond à des besoins multiples : maintenance des produits en service, gestion des pièces détachées, audits réglementaires, conformité contractuelle, traçabilité, ou encore responsabilité du fabricant en cas de litige. L’archivage légal des données produit ne peut donc pas être improvisé. Il s’inscrit dans une démarche structurée, à la croisée des exigences réglementaires, des contraintes techniques et des enjeux de pérennité numérique.
Ce guide a pour objectif de clarifier les obligations légales d’archivage dans l’industrie, d’expliquer pourquoi la conservation longue durée des données produit est spécifique, et de fournir des bonnes pratiques concrètes pour mettre en place un système d’archivage conforme et durable.
Il n’existe pas une durée unique de conservation applicable à toutes les données produit. Les obligations dépendent :
À titre indicatif, en France :
Il est donc essentiel de raisonner par typologie de données produit et non par outil ou par service.
Au-delà des durées, plusieurs principes s’appliquent à l’archivage industriel :
Ces exigences s’appliquent aussi bien aux archives papier qu’à l’archivage électronique des données produit.
Contrairement à d’autres types d’informations, les données produit ont une valeur qui s’inscrit dans le temps long. Elles ne servent pas uniquement à concevoir et fabriquer un produit, mais restent essentielles bien après sa mise sur le marché, parfois plusieurs décennies plus tard.
Plans, fichiers CAO, nomenclatures, dossiers de fabrication ou données qualité peuvent être requis pour assurer la maintenance, produire des pièces de rechange, analyser un incident ou répondre à une demande d’audit. Dans certains secteurs industriels, la responsabilité du fabricant s’étend sur une très longue période, ce qui rend l’accès à ces données indispensable, même longtemps après l’arrêt de la production.
À cette exigence s’ajoute un défi propre au numérique : l’obsolescence technologique. Les formats évoluent, les logiciels disparaissent, les supports de stockage deviennent incompatibles. Conserver des données sans garantir leur lisibilité et leur exploitabilité n’a donc que peu de valeur. La conservation longue durée des données produit implique d’anticiper ces évolutions, de gérer les migrations de formats et de s’appuyer sur des pratiques garantissant la pérennité et la traçabilité de l’information dans le temps.
Pour structurer un archivage conforme, plusieurs normes et référentiels sont à connaître :
Ces normes définissent les principes de sécurité, d’intégrité, de traçabilité et de conservation dans le temps.
Un système d’archivage électronique (SAE) permet de garantir l’intégrité des documents (empreintes, scellement), la traçabilité des accès et des actions et la restitution fiable des données archivées.
Pour les données produit critiques, notamment en contexte réglementé, l’archivage à valeur probante est un élément clé de la conformité.
Un archivage durable repose sur :
L’archivage n’est pas un acte ponctuel, mais un processus dans le temps.
Identifier :
Toutes les données n’ont pas la même valeur ni la même durée de conservation.
Pour chaque catégorie :
Selon les besoins :
Dans les environnements industriels, une intégration entre PLM, GED et SAE est souvent la clé pour assurer cohérence et continuité.
Définir les règles d’indexation et de métadonnées, les workflows d’archivage, les droits d’accès et niveaux de sécurité ainsi que les procédures de restitution.
Mettre en place des stratégies de migration, des contrôles réguliers d’intégrité et une documentation claire des formats et des outils.
Enfin, il est essentiel de :
L’archivage des données produit ne se limite pas à une obligation réglementaire : il joue un rôle central dans la maîtrise des risques industriels et la capacité d’une entreprise à se projeter dans la durée. Une politique d’archivage bien structurée permet avant tout de garantir la conformité, mais aussi de sécuriser l’activité et le savoir-faire.
Du côté des bénéfices, un archivage maîtrisé assure une traçabilité complète du produit, depuis sa conception jusqu’à sa mise hors service. Il facilite les audits, sécurise la responsabilité du fabricant et permet de retrouver rapidement des informations critiques en cas de besoin, qu’il s’agisse de maintenance, de support client ou d’analyse d’incident. Il contribue également à préserver l’historique technique et industriel, souvent précieux sur le long terme.
À l’inverse, une gestion insuffisante ou non conforme de l’archivage expose l’entreprise à des risques majeurs. La perte ou l’inaccessibilité de données produit peut entraîner des non-conformités lors de contrôles, des difficultés à démontrer la conformité d’un produit, voire des litiges coûteux. À cela s’ajoutent des coûts indirects élevés liés à la reconstitution des informations, aux interruptions d’activité et à une dégradation de la confiance des clients et partenaires.
L’archivage légal et la conservation longue durée des données produit ne doivent plus être perçus comme une contrainte administrative. Ils constituent une composante stratégique de la gestion du cycle de vie produit, au même titre que la conception, la production ou la qualité.
En structurant une politique d’archivage claire, appuyée sur des normes, des outils adaptés et une intégration avec les systèmes PLM et GED, les industriels sécurisent leur conformité, leur savoir-faire et leur capacité à durer.
La durée de conservation dépend du secteur d’activité, du type de produit ou de pièce, ainsi que des obligations légales, contractuelles ou normatives applicables. Dans l’industrie, certaines données techniques ou dossiers de fabrication doivent être conservés 10 ans, 30 ans, voire plus, notamment pour couvrir les enjeux de responsabilité et de traçabilité.
Oui. Les documents numériques nécessitent des garanties spécifiques en matière d’intégrité, de traçabilité et de lisibilité dans le temps.
La destruction des dossiers de fabrication doit être strictement encadrée. Si des obligations légales, réglementaires ou contractuelles imposent une conservation longue durée, une destruction prématurée expose l’entreprise à des risques de non-conformité, de litiges ou de pertes d’information critiques.
Cela implique de mettre en place une politique d’archivage structurée, s’appuyant sur des outils numériques conformes aux normes, l’utilisation de formats pérennes, la planification des migrations de données et le maintien d’un accès sécurisé et traçable sur le long terme.