Sustainability et PLM : comment suivre l’empreinte environnementale d’un produit ?

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2025
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Face à la pression croissante des réglementations européennes (CSRD, Taxonomie UE, Digital Product Passport) et aux attentes du marché, les entreprises doivent repenser la manière dont elles conçoivent et gèrent leurs produits.

Dans ce contexte, les solutions de gestion du cycle de vie produit (PLM) deviennent essentielles : elles centralisent les données, structurent les processus et permettent d’intégrer la durabilité dès la conception; là où 80 % de l’impact environnemental d’un produit est déterminé.

Pour vous aider à y voir plus clair, Aletiq vous révèle dans cet article comment un système PLM peut aider à suivre, mesurer et optimiser l’empreinte environnementale d’un produit, en s'appuyant sur les meilleures pratiques du secteur.

Pourquoi suivre l’empreinte environnementale d’un produit ?

1. Répondre aux enjeux réglementaires

Les nouvelles réglementations imposent aux entreprises de prouver la performance environnementale de leurs produits. Le suivi précis de l’empreinte carbone, de l’utilisation des ressources ou de la recyclabilité devient indispensable pour :

  • Justifier la conformité,
  • Anticiper les audits,
  • Produire des rapports fiables et traçables.

2. S’adapter aux attentes du marché

Les consommateurs et partenaires recherchent des produits :

  • à faible impact,
  • transparents sur leur composition,
  • alignés avec les principes d’économie circulaire.

Les entreprises capables de démontrer leur impact réel gagnent un avantage compétitif.

3. Optimiser les choix de conception

Comme 80 % de l’empreinte environnementale d’un produit est liée aux décisions prises en phase de design, suivre l’impact permet de comparer des alternatives, de sélectionner des matériaux responsables et d’améliorer l’efficacité de production.

Comment un logiciel PLM aide à la durabilité ?

Un PLM ne calcule pas l’impact environnemental d’un produit et ne remplace pas un outil d'Analyse de Cycle de Vie (LCA). En revanche, il joue un rôle central pour fiabiliser les données, structurer les processus et connecter les équipes, ce qui est indispensable pour mener des évaluations environnementales crédibles.

Voici ce qu’un PLM permet concrètement :

Garantir la qualité et la traçabilité des données produit

La majorité des erreurs dans les analyses environnementales viennent de données incomplètes, obsolètes ou introuvables.

Le PLM :

  • centralise les données matériaux, fournisseurs, masses et procédés,
  • assure le versioning (critique pour les audits CSRD / DPP),
  • garantit que toutes les équipes travaillent sur les mêmes informations.

En évitant la multiplication des copies locales et des fichiers en doublon, le PLM contribue aussi à réduire l’empreinte numérique de l’entreprise, puisque moins de données sont stockées, dupliquées ou synchronisées sur les serveurs.

Grâce à cette “source unique de vérité”, le PLM garantit que toutes les équipes s'appuient sur des données fiables et cohérentes, essentielles pour alimenter correctement une LCA.

Connecter le produit aux données d’impact

Le PLM gère la structure produit (BOM, variantes et configurations). Il relie chaque composant à sa matière, à son fournisseur, à son procédé de fabrication, à sa masse et aux données de recyclabilité associées. Il crée ainsi un véritable jumeau numérique du produit, prêt à être évalué dans un outil LCA.

Intégrer les résultats d’Analyse de Cycle de Vie (LCA)

Le calcul est fait dans un outil dédié (SimaPro, OpenLCA, EcoChain…), mais le PLM permet :

  • d’associer les résultats de la LCA aux versions produit,
  • de les rendre visibles dans les revues de conception,
  • d’assurer la traçabilité des datasets utilisés (ex. Ecoinvent v3.9).

Ainsi, la durabilité devient accessible pour les équipes produit.

Aider les équipes à comparer des alternatives

Le PLM n’est pas un simulateur d’impact, mais il orchestre les données qui alimentent la simulation.

Il facilite :

  • la comparaison de matériaux,
  • les changements de fournisseurs,
  • l’évaluation des variantes produit,
  • les choix de procédés ou scénarios de fin de vie.

Le calcul vient de l’outil LCA, la préparation et la cohérence viennent du PLM.

Faciliter le reporting et la conformité

Le PLM simplifie la production des données nécessaires à :

  • la CSRD,
  • le Digital Product Passport,
  • la Taxonomie européenne,
  • le suivi interne des KPI de durabilité.

Il garantit que les données environnementales reposent sur des informations produit fiables, versionnées et auditables.

Étapes pour mettre en œuvre le suivi de l’empreinte environnementale dans un PLM

Intégrer la durabilité dans un PLM n’a rien d’un simple branchement technique. Cela nécessite une structuration solide des données produit, une modélisation précise du cycle de vie et une connexion fluide avec les outils d’analyse environnementale. Voici les étapes clés pour y parvenir de manière réaliste et efficace.

1. Identifier et qualifier les données nécessaires

Avant toute intégration dans le PLM, il faut définir l’ensemble des données indispensables à l’évaluation environnementale : informations matériaux (composition, masse, taux de recyclé), procédés industriels (consommation énergétique, émissions), scénarios d’usage et de fin de vie, ainsi que les datasets d’impact issus de bases reconnues.

La fiabilité de l’analyse dépend avant tout de la qualité de ces informations.

2. Modéliser l’architecture produit et son cycle de vie

Le PLM doit refléter fidèlement le produit : sa BOM, ses variantes, ses procédés de fabrication, la localisation des étapes clés et ses scénarios de fin de vie. Cette modélisation forme le jumeau numérique sur lequel reposeront les évaluations environnementales.

3. Structurer et intégrer les données dans le PLM

Une fois les données identifiées, elles doivent être standardisées et intégrées dans les objets du PLM : matériaux, composants, process, fournisseurs. L’objectif est de constituer un référentiel structuré et versionné qui servira de base propre et cohérente pour toute analyse environnementale.

4. Connecter le PLM aux outils d’analyse du cycle de vie (LCA)

Le PLM ne calcule pas l’impact lui-même. C’est l’outil LCA qui réalise les analyses (CO₂-eq, eau, ressources…). Le rôle du PLM est d’alimenter ces outils avec des données fiables et de récupérer les résultats pour les rattacher au produit et aux versions correspondantes.

Cette connexion limite les erreurs manuelles et garantit la traçabilité méthodologique.

5. Définir les indicateurs environnementaux pertinents

L’entreprise doit sélectionner les indicateurs qu’elle souhaite suivre : empreinte carbone, recyclabilité, ressources critiques, utilisation d’eau, déchets... Le PLM permet ensuite de les standardiser et de les associer aux produits, assurant une cohérence dans le temps et entre équipes.

6. Assurer le reporting, la conformité et la communication

Enfin, le PLM centralise et versionne les données d’impact, ce qui facilite la production de rapports RSE, les exigences réglementaires (CSRD, DPP, PEF) et la préparation des supports pour les achats, la qualité ou le marketing. Cette centralisation garantit une information fiable et traçable, indispensable pour les audits et la transparence.

Mettre en place le suivi environnemental dans un PLM ne consiste pas seulement à “brancher” une base de données CO₂. C’est un projet structurant qui touche la qualité des données, la conception, la chaîne d’approvisionnement et les outils LCA. Voici les étapes clés.

Bonnes pratiques et pièges à éviter

Bonnes pratiques

Pour intégrer efficacement la durabilité dans un PLM, il est essentiel de commencer par les produits prioritaires, ceux qui ont le plus d’impact ou d’enjeux réglementaires. L’utilisation de bases de données d’impact reconnues (comme Ecoinvent) est également clé : la qualité des résultats dépend avant tout de la qualité des datasets LCA.

La démarche doit impliquer dès le départ les équipes R&D, achats, qualité et RSE, afin de garantir une cohérence des données et des processus. Enfin, automatiser la collecte et la mise à jour des informations produit permet de réduire les erreurs et d’assurer une traçabilité fiable. Le PLM facilite cette automatisation en centralisant une version unique des données, ce qui limite les doublons et l’empreinte numérique associée.

Pièges à éviter

Un écueil fréquent est de surestimer le rôle du PLM : il ne calcule pas l’impact environnemental, tâche réservée aux outils LCA. Le PLM structure et fiabilise les données, mais ne remplace pas la méthodologie ACV.

La qualité des données reste un autre point critique : des informations incomplètes ou erronées faussent les analyses, même avec un PLM performant. Le travail en silos est également à éviter, car il fragmente les données et limite l’efficacité du PLM.

Enfin, se concentrer uniquement sur l’empreinte carbone est réducteur. D’autres indicateurs — eau, ressources critiques, déchets, recyclabilité — peuvent être tout aussi essentiels selon les produits.

Le suivi de l’empreinte environnementale d’un produit ne dépend pas d’un outil unique, mais d’une bonne maîtrise des données et d’une collaboration efficace entre équipes. C’est précisément là que le PLM apporte sa valeur : il ne calcule pas l’impact, mais fournit une base de données fiable, versionnée et traçable, indispensable pour réaliser des analyses environnementales crédibles.

En structurant le produit, en centralisant une seule version des informations et en facilitant la connexion aux outils LCA, le PLM permet d’intégrer la durabilité plus tôt dans la conception et de répondre aux exigences réglementaires avec plus de précision.

Les entreprises qui misent sur un PLM bien gouverné pourront mieux comprendre l’impact réel de leurs produits et, surtout, identifier les leviers pour le réduire dès la phase de design.

FAQ – Sustainability et PLM

Qu’est-ce que l’empreinte environnementale d’un produit ?

C’est l’ensemble des impacts générés par un produit tout au long de son cycle de vie : extraction des matières premières, fabrication, transport, usage et fin de vie. L’Analyse de Cycle de Vie (LCA) est la méthode de référence pour l’évaluer.

Le PLM peut-il réellement mesurer cette empreinte ?

Non, pas directement. Le PLM ne calcule pas l’impact environnemental.

En revanche, il fournit les données produit fiables, structurées et traçables nécessaires aux outils d’Analyse de Cycle de Vie (LCA), qui eux réalisent les calculs.

Le PLM peut ensuite afficher ou stocker les résultats associés aux versions produit.

Quels indicateurs suivre ?

Les principaux sont :

  • CO₂-eq (empreinte carbone),
  • consommation d’eau,
  • utilisation des ressources,
  • recyclabilité,
  • production de déchets.

Comment relier PLM et économie circulaire ?

Le PLM favorise l’économie circulaire en assurant la traçabilité complète des matériaux, des composants et des versions produit. Il permet de documenter l’origine et la recyclabilité, de suivre la maintenance et la fin de vie, et de rassembler les données nécessaires au Digital Product Passport, facilitant ainsi la réutilisation et le recyclage.

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